Sirmalia - Extrait n°6

Publié le par Chloé Boffy

La flamme d’une bougie enfoncée dans le goulot d’une bouteille vacillait au centre de la table, projetant des ombres étranges sur les murs. La réunion s’était éternisée. La plupart des participants étaient partis. Ne restaient que Thergill, Albéric, Joyce, et Rosalina assoupie sur une chaise, le coude posé sur le dossier, sa main pendant dans le vide. Plongés dans une intense discussion, Joyce et les deux hommes n’avaient pas vu l’heure tourner, pas plus qu’ils n’avaient vu la bougie diminuer et la cire couler sur la table, où elle s’était figée en un petit amas blanchâtre. Rosalina bougea légèrement dans son sommeil. Le bruit attira l’attention de Thergill, qui se leva pour réajuster la couverture sur les épaules de sa fille, avant de retourner s’asseoir à table. Cette brève interruption avait un peu calmé les esprits. Du bout de l’ongle, Joyce grattait la cire sur le bois noueux.
    _ J’avais placé tous mes espoirs dans ce projet de loi, dit-elle amèrement. Qu’allons-nous faire à présent ?
    Les sourcils froncés, Albéric croisa les bras et fixa la flamme de la bougie, l’air soucieux. Plus personne ne parlait. On n’entendait que les ronflements légers de Rosalina et d’Azar à ses pieds.
    _ Il y aurait peut-être une solution pour que notre camp l’emporte sans avoir recours à la violence, intervint Thergill en caressant sa barbe d’un air songeur.
    _ Laquelle ?
    _ Norotar doit abdiquer en faveur de son fils. Qu’en penses-tu, Joyce ?
    _ Que Père a assez confiance en Roderig, et moi, sans me vanter, assez d’influence sur mon frère pour que ce plan fonctionne. Je peux facilement convaincre Roderig d’en parler à l’empereur. Père vieillit et est impatient de voir mon frère lui succéder. Je ne vois aucune raison pour qu’il refuse.
    _ Cela mérite une nouvelle tournée, se réjouit Thergill en débouchant un fût.
    Le visage de Joyce s’éclairait, elle sentait la victoire proche. Elle entrechoqua joyeusement sa choppe remplie d’une bière mousseuse avec celles d’Albéric et Thergill. « À nous, » songea-t-elle, « et à la Révolution ».

Publié dans Romans

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E
<br /> bonne soirée merci pour ta fidélité bisous evy<br />
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